L'Afrique doit repenser son modèle de gouvernance.

 Chronique 1

L'Afrique doit repenser son modèle de gouvernance pour favoriser un développement plus inclusif. Les approches de gouvernance, mises en place depuis les indépendances, ont montré leurs limites et inefficacités à plusieurs niveaux : politique, économique, alimentaire, social, infrastructurel, culturel... Il est urgent de repenser le développement en Afrique en adoptant des approches innovantes qui répondent aux aspirations des jeunes, aux priorités des communautés africaines et aux défis majeurs de notre époque. L'Afrique a besoin d’un leadership et d’une gouvernance qui placent l’amélioration des conditions de vie de la population au cœur de leurs priorités. Mais pourquoi est-ce si crucial ? 



 
1. La jeunesse africaine : Un atout ou un défi ?   
 
L’Afrique représente 50 % de la population mondiale âgée de moins de 18 ans, avec des taux de croissance démographique compris entre 2,8 % et 3,2 %. D’ici 2050, sa population devrait doubler, ce qui soulève d’importants défis (Source : Développer l'Afrique : une nouvelle gouvernance continentale | Le Grand Continent). Le doublement de la population africaine d’ici 2050 aura un impact significatif sur les systèmes de gouvernance. Il est crucial de ne pas gouverner des sociétés dont l’âge médian est de 19 ans de la même manière que celles dont l’âge médian dépasse 40 ans. Le fossé croissant entre les attentes de la population jeune et les capacités de l’administration publique représente une source potentielle d’instabilité.
 
2. Les inégalités persistantes   

 L’Afrique demeure l’une des régions les plus inégalitaires au monde, avec un nombre de personnes sans ressources qui continue d’augmenter régulièrement. Bien que des progrès aient été réalisés dans des domaines tels que la santé et l’éducation, une proportion importante de la population africaine reste confrontée à la pauvreté. La juxtaposition des défis démographiques et de la réduction des inégalités forme une équation complexe qui exige l’élaboration de politiques appropriées. 
 
3. L'héritage du colonialisme   

 L'analyse des dynamiques politiques et économiques en Afrique met en lumière un continent confronté à l'héritage complexe du colonialisme et aux pressions contemporaines de la mondialisation. L'intervention de grandes institutions financières comme le FMI et la Banque mondiale, ainsi que l'impact considérable des multinationales, ont souvent exacerbé les instabilités. Ces facteurs ont facilité des coups d'État, souvent justifiés par la nécessité de contrer des gouvernements peu crédibles et de résister aux influences néocoloniales. 
 
4. Des méthodes peu convaincantes    

Depuis la vague des indépendances, les différents gouvernements africains qui se sont succédé ont expérimenté ou reproduit des méthodes de gouvernance peu convaincantes, souvent importées ou même imposées, sans réellement apporter de solutions aux véritables problèmes des Africains. Par exemple, sous la supervision de l’Union africaine (UA), les dirigeants africains ont créé en 2003 le Mécanisme Africain d’Évaluation par les Pairs (MAEP) afin de suivre les performances des États membres en matière de gouvernance. Cet instrument d’auto-évaluation vise à encourager l’adoption de politiques favorisant la stabilité politique, la croissance économique et le développement durable. L'initiative est louable, mais le mal est profond et nécessite des réformes structurelles à long terme. Il est ironique que l’UA elle-même soit financée par l’Union européenne.
 
5. Un passé riche en savoirs    

Avant l’esclavage et la colonisation, l’Afrique comptait de nombreux royaumes et empires qui ont su maintenir une stabilité pendant plusieurs siècles. La prise de décision reposait sur la palabre, un système basé sur le consensus : d’abord à l’Assemblée du village (sous le baobab), puis entre délégués aux assemblées régionales, et enfin à l’échelle des royaumes ou des empires. L’Afrique garde le souvenir de cette démocratie consensuelle, encore pratiquée dans les villages, et aspire à la rétablir aux niveaux supérieurs de l’organisation sociale. De toute évidence, elle cherche encore aujourd’hui à définir une forme de démocratie plus en phase avec ses traditions.

6. L'échec de la démocratie occidentale 

La démocratie est censée être le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Pourtant, la démocratie à l’européenne, héritée du colonisateur, s’est imposée comme un système qui, à travers des élections truquées, place à la tête de nos pays des dirigeants inféodés, dépourvus de tout patriotisme. Plutôt que de se battre pour leurs peuples, ils servent les intérêts de l’impérialisme.
Conséquence : Malgré leurs diplômes et leurs connaissances, ils n’ont apporté aucune avancée concrète à nos nations. Les mêmes maux continuent de miner notre existence.
Résultat : Face à leur laxisme, de vaillants patriotes se voient contraints, dans certains cas, de les renverser afin de corriger leurs erreurs et de dénoncer leur implication dans des accords secrets et opaques, dont le peuple ignore tout. 

7. Le paradoxe de l'insécurité alimentaire 

L’Afrique, qui dispose de terres arables, continue pourtant de dépendre des importations de produits qu’elle pourrait cultiver sur place. Nous ne produisons pas ce que nous consommons et nous ne consommons pas ce que nous produisons. Nous restons dépendants des aides alimentaires conditionnées, faute d’une politique agricole adaptée à nos réalités, à nos besoins et à nos projections. 
L'Afrique est confrontée au défi de la sécurité alimentaire. La sécurité alimentaire est un aspect essentiel de l’élaboration de politiques susceptibles de réduire efficacement la pauvreté et promouvoir l’inclusion. Eu égard à leur potentiel, les États du continent doivent assumer les défis auxquels ils sont confrontés notamment à travers le développement de coopérations interétatiques. La question de la gouvernance mondiale met en évidence l'engagement des États africains à respecter le droit international et leur volonté de s'intégrer de manière déterminée dans un ordre mondial conçu à l'origine par et pour les grandes puissances. (Quel rôle pour l’Afrique dans la gouvernance mondiale ? :: Institut d'Études de Géopolitique Appliquée

Conclusion

L'Afrique est un continent riche de son histoire, de sa culture et de ses potentialités. En repensant sa gouvernance, en s'inspirant de ses traditions et en plaçant la justice et le développement au cœur de ses priorités, l'Afrique va certainement construire un avenir meilleur pour tous ses enfants.
Aux problèmes africains, des solutions africaines !

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Marcel LACHOKOU

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