L'éducation bienveillante : la clé pour élever une nouvelle génération africaine résiliente.



S’il y a un concept de l’éducation que je souhaite démystifier, c'est celui que les parents en Afrique utilisent fréquemment : ne jamais complimenter leurs enfants, notamment sur leurs rendements scolaires, de peur que cela leur donne la grosse tête et les démotive. Le rendement scolaire, comme toute autre forme de performance, peut être stimulé par des encouragements ou obtenu par la coercition. 

Encourager vos enfants signifie avant tout remarquer et apprécier leurs efforts et leurs talents. C’est la meilleure des motivations car chaque enfant recherche la validation de ses parents. Les psychologues affirment que jusqu'à un certain âge de l'adolescence, les enfants agissent d’abord pour plaire à leurs parents. Ils ne comprennent pas nécessairement l'utilité de l'école autrement que pour faire plaisir à leurs parents, et leurs prouesses visent principalement à impressionner ces derniers.

Cependant, lorsque les parents font semblant de ne pas remarquer leurs efforts en ne les félicitant jamais pour leurs exploits, ces enfants finissent par penser que leurs bons résultats n’ont aucun impact sur leurs parents, ce qui les démotive. Un parent qui félicite son enfant booste incroyablement son estime de soi, sa confiance en lui-même et valide ses émotions.

Le rendement scolaire obtenu par la coercition, la menace, l'intimidation et même la punition est extrêmement traumatique, car il génère peur et anxiété chez l’enfant, transformant l'apprentissage en corvée plutôt qu'en plaisir. Cette approche laisse des séquelles qui perdurent au-delà de l'enfance et accompagnent l'individu tout au long de sa vie adulte. Les parents prononcent souvent des mots blessants parce que leurs enfants n'ont pas obtenu les meilleures notes, des mots qui détruisent leur confiance en eux et les marquent profondément. Certains de ces enfants finiront par complètement haïr l'école, s'imaginant nuls et paresseux, tandis que d'autres deviendront des travailleurs acharnés, incapables de se reposer et de profiter de la vie.

Souvent, les parents mesurent le succès de leurs enfants à travers leurs notes à l'école et, une fois adultes, à travers leur profession. Ils s'attardent rarement sur leur bonheur, leur capacité à vivre avec les autres, à s'épanouir, à défendre leurs idées et à avoir des convictions. Ainsi, vous rencontrerez des adultes brillants à l'école mais sans amis, peu sociables car privés de ces expériences. Vous verrez aussi des adultes dont les parents sont fiers de la carrière mais qui sont misérables dans leur profession et ont toujours peur de la changer pour ne pas décevoir. Enfin, il y aura des adultes qui, peu importe leur succès, penseront toujours que ce n'est pas assez et vivront dans la crainte constante de l'échec, voyant en lui la fin de leur existence.

Nous devons désapprendre la coercition et l’oppression transmises de génération en génération. Nous devons apprendre à élever une nouvelle génération d’enfants africains résilients et non exploitables, ce qui passe par la bienveillance envers nos enfants, la reconnaissance de leur talent, la célébration de leurs succès, l’acceptation de leurs échecs et l’appréciation de leurs efforts.


Farida Bemba Nabourema 

Citoyenne Africaine Désabusée!

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